Travailler en prison : un moyen de réinsertion ?
Le système pénitentiaire est souvent perçu comme un lieu de punition, mais il peut également servir de tremplin pour la réinsertion des détenus dans la société. Le travail en prison est un élément clé de cette démarche, offrant aux détenus des opportunités de formation, d’insertion professionnelle et de préparation à la vie après la détention.
Le cadre juridique et administratif du travail en prison
Pour comprendre comment le travail en prison fonctionne, il est essentiel de se pencher sur le cadre juridique et administratif qui le régule. En France, les détenus qui souhaitent travailler doivent suivre une procédure spécifique.
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Demande de classement au travail et affectation
Une personne détenue qui souhaite travailler doit demander à être classée au travail par l’administration pénitentiaire. Cette demande se fait par lettre adressée au chef de l’établissement pénitentiaire. Une fois classée au travail, la personne détenue peut demander à être affectée sur un poste de travail. La décision d’affectation est prise par le chef de l’établissement pénitentiaire, qui tient compte des choix de l’entreprise proposant le travail et des motifs liés au bon ordre et à la sécurité de l’établissement[1].
Contrat d’emploi pénitentiaire
Le détenu classé au travail et affecté sur un poste doit signer un contrat d’emploi pénitentiaire avec le service général de la prison ou l’entreprise privée qui propose le travail. Ce contrat garantit les droits du détenu travailleur en ce qui concerne la rémunération, les conditions de travail, le licenciement et la protection sociale. Il doit être complété par une convention qui définit les obligations respectives de l’établissement pénitentiaire, de la personne détenue et de l’entreprise[1].
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Les différents régimes de travail en prison
Les détenus peuvent travailler dans divers cadres, chacun ayant ses propres caractéristiques et avantages.
Service général de la prison
Les détenus peuvent travailler pour le service général de la prison, effectuant des travaux d’entretien des locaux et des tâches nécessaires au fonctionnement de l’établissement, comme faire des travaux d’entretien des locaux ou laver le linge[1].
Régie industrielle des établissements pénitentiaires (Riep)
La régie industrielle des établissements pénitentiaires (Riep) permet aux détenus de travailler sous le contrôle direct de l’administration pénitentiaire dans des ateliers gérés par le service de l’emploi pénitentiaire (SEP). Les détenus produisent des biens et des services vendus à l’extérieur[1].
Régime de la concession
Dans le régime de la concession, l’administration pénitentiaire conclut un contrat avec une entreprise qui installe ses ateliers dans les locaux de la prison. L’entreprise organise alors le travail, et les détenus travaillent pour le compte de cette entreprise[1].
Gestion déléguée
Dans certains établissements, l’État délègue à des entreprises privées, par le biais d’un marché public ou d’un contrat de partenariat, tout ou partie des missions non-régaliennes de leur gestion. Cela inclut la restauration, la maintenance des locaux ou la gestion du travail des personnes détenues au service général ou en production[1].
Les avantages du travail en prison pour la réinsertion
Le travail en prison offre plusieurs avantages clés pour la réinsertion des détenus.
Formation et insertion professionnelle
Le travail en prison permet aux détenus de bénéficier de formations professionnelles et d’acquérir des compétences qui leur seront utiles une fois libérés. Les structures d’insertion par l’activité économique et les services pénitentiaires d’insertion et de probation jouent un rôle crucial dans cette démarche[1].
Suivi de l’état de santé et indemnisation chômage
Depuis le 1er janvier 2025, les détenus qui exercent une activité professionnelle bénéficient d’un suivi individuel de leur état de santé et, à la fin de leur contrat, d’une indemnisation chômage. Ces mesures améliorent significativement les conditions de travail et de vie des détenus[1].
Exemple concret : Découverte en milieu professionnel
Avant de demander à être classée au travail, une personne détenue peut bénéficier d’une découverte en milieu professionnel au sein de l’établissement pénitentiaire. Cette découverte, d’une durée maximale de 5 jours, permet de découvrir un métier ou un secteur d’activité, de confirmer un projet professionnel ou d’initier une démarche de recrutement[1].
Les défis du retour à l’emploi après la détention
Malgré les avantages du travail en prison, le retour à l’emploi après la détention reste un défi majeur.
Période d’inactivité et manque de formation
Après un séjour en détention, les détenus doivent souvent faire face à une période d’inactivité qui peut refroidir les employeurs. De plus, le manque de formation et d’expérience récente peut rendre difficile l’accès à l’emploi[2].
Stigmatisation et difficultés d’intégration
Les anciens détenus rencontrent souvent une stigmatisation qui les empêche de trouver un emploi. Les employeurs hésitent à embaucher des personnes ayant un passé pénal, ce qui rend l’intégration sociale et professionnelle particulièrement ardue[2].
Conseils pratiques pour les détenus et les entreprises
Pour faciliter la réinsertion des détenus, plusieurs conseils pratiques peuvent être mis en œuvre.
Pour les détenus
- Bénéficier des formations professionnelles offertes dans les établissements pénitentiaires pour acquérir des compétences valorisables sur le marché du travail.
- Participer aux programmes d’insertion proposés par les services pénitentiaires d’insertion et de probation.
- Maintenir un lien avec l’extérieur pour faciliter la réinsertion sociale et professionnelle après la libération.
Pour les entreprises
- Considérer l’embauche d’anciens détenus en tenant compte de leurs compétences et de leur potentiel de réinsertion.
- Collaborer avec les structures d’insertion pour offrir des stages ou des emplois aux détenus et aux anciens détenus.
- Sensibiliser les employés à la stigmatisation et aux défis auxquels les anciens détenus sont confrontés pour favoriser une intégration harmonieuse.
Tableau comparatif des régimes de travail en prison
Régime de travail | Description | Avantages | Inconvénients |
---|---|---|---|
Service général de la prison | Travaux d’entretien des locaux et tâches nécessaires au fonctionnement de l’établissement. | Maintien des compétences manuelles, contribution au fonctionnement de l’établissement. | Limitations des compétences acquises, routine des tâches. |
Régie industrielle des établissements pénitentiaires (Riep) | Production de biens et services sous le contrôle de l’administration pénitentiaire. | Acquisition de compétences industrielles, production de biens vendus à l’extérieur. | Dépendance de la demande extérieure, contrôle strict. |
Régime de la concession | Travail pour le compte d’une entreprise privée installée dans les locaux de la prison. | Diversité des activités, exposition à des méthodes de travail professionnelles. | Dépendance de l’entreprise, risque de licenciement. |
Gestion déléguée | Délégation de missions non-régaliennes à des entreprises privées. | Flexibilité des missions, gestion professionnelle par des entreprises spécialisées. | Risque de précarité, dépendance des contrats. |
Citations et témoignages
- “Le travail en prison est une opportunité unique pour les détenus de se préparer à la vie après la détention. Il leur permet d’acquérir des compétences, de gagner une rémunération et de maintenir un lien avec la société,” – Un responsable des services pénitentiaires d’insertion et de probation.
- “Après ma libération, j’ai pu trouver un emploi grâce aux compétences que j’avais acquises en travaillant dans la régie industrielle des établissements pénitentiaires. Cela m’a vraiment aidé à me réinsérer,” – Un ancien détenu.
Le travail en prison est un outil puissant pour la réinsertion des détenus. En offrant des formations professionnelles, des opportunités de travail et un suivi de l’état de santé, les établissements pénitentiaires jouent un rôle crucial dans la préparation des détenus à la vie après la détention. Cependant, les défis du retour à l’emploi après la détention sont réels, et il est essentiel que les entreprises et la société dans son ensemble soutiennent les efforts de réinsertion des anciens détenus. En collaborant et en sensibilisant les employeurs et les employés, nous pouvons créer un environnement plus favorable à la réinsertion et offrir de meilleures chances de réussite aux personnes ayant passé du temps en détention.